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  • Nzio MAFUTA BOOTO

Les « DTS » du sommet de Paris ou le paradoxe français de l’aide à l’endettement. (commentaire)

Le président français Emmanuel Macron a en avril 2020, appelé à une annulation massive de la dette africaine, alors que la pandémie du covid-19 plongeait l’économie mondiale dans une profonde crise, face à une autopsie d’une catastrophe du continent africain dont les économies sont déjà fragiles.


La démarche allait dans le bon sens, c’est évident, mais annuler une dette ne se fait pas en un claquement de doigts. Ce type de procédure prend du temps.


Il y a eu un précédent, l’initiative PPTE « pays pauvres très endettés », 25 ans après, nous en sommes à un retour au point de départ.


En 1996, le FMI et la banque mondiale ont lancé l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) en vue d’alléger la dette de certains pays africains, devenue insoutenable. Cette mesure a été complétée en juin 2005 par l’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM), qui a consisté en l’effacement de la dette des pays concernés envers trois institutions, le FMI, l’Association Internationale de Développement (IAD) de la banque mondiale et le Fonds Africain de Développement (FAD).


« Quand elles ont été décidées, ces actions devaient sans doute être un remède à prise unique et faire disparaître le problème de la dette dans les pays concernés » nous voici revenus quasiment au point de départ.


Du moratoire sur la dette africaine à l’issue du G20 du 15 avril 2020 au DTS (droit de tirage spécial) de la macronie au sommet de paris mai 2021 avec certains leaders africains.


« Les dettes africaines sempiternellement reviennent »



La question du moratoire

La plupart des économies africaines dépendent de l’extérieur. Les deux tiers des exportations sont des matières premières ou des produits semi-finis. Or la demande internationale est en train de s’effondrer et les prix avec, avertissait déjà l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé, directeur du forum africain des alternatives.


La décision du G20 n’était pas à la hauteur de la situation. Plutôt qu’un simple sursis pour les remboursements, les économistes et les acteurs de la société civile réclamaient une annulation complète des dettes. Le moratoire ne permet ni d’enclencher un cercle vertueux ni de donner un coup d’arrêt au processus d’endettement chronique des pays africains, expliquait Christian Abouta, évaluateur des politiques publiques au Bénin, et pour l’économiste congolais Noël Magloire Ndoba, c’était une manœuvre cosmétique, le vrai problème est celui de la dette en tant que telle, il faut l’annuler purement et simplement d’autant plus que nous savons que ces dettes sont à l’origine vicieuses.



La problématique du DTS (droit de tirage spécial)

Le DTS est un avoir de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. A ce jour, 204,2 milliards de DTS (soit environ 293 milliards de dollars) ont été alloués aux pays membres, y compris les 182,6 milliards de DTS alloués en 2009 au lendemain de la crise financière mondiale. La valeur du DTS repose sur un panier de cinq monnaies : le dollar américain, l’euro, le renminbi chinois (yuan), le yen japonais et la livre sterling.


« Pourquoi les occidentaux créeraient-ils de la monnaie et pas les africains ? » Alors que nous le savons que c’est un levier sur lequel on peut jouer pour aider les pays en difficulté.

Il avait été très utilisé, et avec beaucoup de succès pendant la crise 2008-2009.

Les américains très hostiles au multilatéralisme pourraient empêcher l’émission de nouveaux DTS. Mais on pourrait imaginer que le FMI utilise les DTS dont il dispose déjà pour aider exclusivement l’Afrique.



Rôle du DTS

Les allocations de DTS peuvent être utiles pour fournir des liquidités et compléter les réserves officielles des pays membres, comme ce fut le cas lors de la crise financière mondiale.

Le DTS ne constitue pas une créance sur le FMI, il représente plutôt une créance potentielle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI. Les DTS peuvent être échangés contre ces monnaies.



Allocations de DTS

En vertu de ses statuts, le FMI peut, lorsque certaines conditions sont remplies, allouer des DTS aux pays membres participant au département des DTS (actuellement, tous y participent). Plus particulièrement, toute allocation générale de DTS doit être conforme à l’objectif de répondre au besoin global à long terme d’ajouter aux instruments de réserve existants et jouir d’un large appui parmi les pays membres du FMI.


De ce qui précède, la démarche du président français Emmanuel Macron devrait paraître indécente à l’égard de ses pairs non seulement africains mais aussi bien ceux de l’orient à l’occident que ceux du septentrion au midi.


En effet, l’allocation est distribuée aux pays membres en proportion de leur quote-part au FMI. La France n’est en aucun lieu distributrice d’allocations de DTS.


Il y a lieu au regard de la situation actuelle recourir à une allocation ponctuelle spéciale. En 2009, une allocation ponctuelle spéciale a permis aux pays devenus membres du FMI après 1981 (c’est-à-dire après les allocations précédentes) de participer au système du DTS sur un pied d’égalité.


« Dans un élan de solidarité face à la crise sanitaire, l’allocation de DTS doit/devrait être distribuée en proportion égale et non en proportion de quote-part au FMI »


En situation exceptionnelle, nul point d’appliquer les règles traditionnelles.


A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il faut inventer des nouvelles procédures, moralement acceptable. Alors il faut innover.



Le paradoxe de l'aide à l'endettement

Si le principe d’une émission de DTS de 650 milliards de dollars, dont 34 seront alloués à l’Afrique, est acquis, son montant est jugé insuffisant, selon la présidence française, qui suggère non seulement une vente de l’or du FMI pour alimenter des prêts à taux zéro aux pays africains mais à ces derniers, prétend également prêter à taux zéro les DTS détenus par les pays riches pour qu’ils obtiennent de 100 à 600 milliards de dollars pour faire fonctionner leurs économies.



L'intérêt des DTS

Les DTS sont un instrument monétaire : les pays qui en bénéficient peuvent les échanger contre des devises.


Ainsi un pays qui reçoit 100 DTS peut s’adresser à la BCE (banque centrale européenne), à la FED (réserve fédérale américaine) ou encore la Bank of England et demander la conversion de ces DTS en euros, en dollars ou en livres sterling, et les banques centrales ne peuvent pas leur dire non.


C’est un moyen qui a été utilisé pendant la crise des subprimes pour fournir des liquidités à l’ensemble de la planète.




Les DTS et les Etats africains

Les DTS permettraient de renflouer les Etats africains, sans même qu’ils aient à s’endetter puisqu’il ne s’agit pas d’un prêt qu’il faut rembourser. En outre, cela améliorerait la situation des changes et permettraient de financer des importations, notamment en matière sanitaire et alimentaire.


La mise au point vaut son pesant d’or.


« Ce n’est pas de l’endettement, mais c’est en quelque sorte une création monétaire»

Telle est la critique que l’on adresse traditionnellement aux DTS, mais la situation de crise impose de l’accepter.


« Au demeurant, pourquoi la BCE (Banque Centrale Européenne) ou la FED (Réserve Fédérale Américaine) peuvent créer de la monnaie pour soutenir leurs économies et pas les africains »



Nzio MAFUTA BOOTO
























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